(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Émile Bilodeau, «Hockey», 2017
Hey ! Man
A va être longue, la fin d’semaine, mais voir, voir
Qu’on s’est faite écraser d’même un vendredi soir
Ouais on a perdu 8 à 2 contre une équipe de glands, une équipe de bas de classement
Pis pour vrai c’qui est choquant c’est que j’ai faite ma job pourtant
J’ai travaillé fort dins coin pis j’ai faite mon échec-avant
T’sais quand j’dis que j’ai faite mon échec-avant
Ça l’excuse pas le faite que c’pas moi qui a le plus de talent
Dans l’équipe, c’est moi qui travaille le plus fort, 3e, 4e trio, j’t’habitué
Mais j’joue pas souvent pendant les power plays
Mais mon coach m’aime ben, y m’fait jouer en désavantage numérique
Pis pour vrai moi j’trouve ça fantastique
Parce que quand j’bloque des shots, les belles filles dins estrades trouvent ça hot
Pour me faire accroire, moi j’m’en vas les voir pis j’leur dis
«Ouais, c’est moi le 83, le gars qui a bloqué des pucks pis qui a mis 2 gars sul cul»
Font : «Ouais, ouais c’tait hot, mais nous autres on aimerait ça parler au gars d’ton équipe qui a scoré les 2 buts»
Pis j’me dis que c’est ça l’histoire de ma vie
Pis qu’c’est ça le hockey pis malgré toute estie que ça m’fait tripper
Pis pour faire honneur à mon sport tout le monde sait que je joue à ça quand j’leur dis
«OK je m’en vas jouer dehors»
Pis t’sais dans vie j’suis ben ben paresseux pis j’ai vraiment beaucoup de misère à bien m’concentrer j’me dis que si j’avais des patins dins pieds au quotidien p’têt qu’à l’école j’pourrais mieux travailler
Hey !
Mais hey ! man
J’sais pas si t’as r’marqué, mais à soir j’ai patiné comme une graine
Mais voir, voir que toute la semaine, j’ai joué dehors à patinoire
Ouais c’est clair ça l’embellit mes matins
Mais c’est sûrement ça qui a scrapé mes patins
Pis j’me dis c’t’un bien pour un mal
Parce que pour un gars comme moi t’sais j’me dis que c’est normal
Parce que y a rien de mieux que ça
Que d’faire un beau jeu d’passes avec des monsieurs qu’on connaît pas
Pis pour vrai à patinoire des fois j’t’un peu ému
Quand j’vois un p’tit gars de 7 ans monter la puck jusqu’au but
Pis quand j’vois tous les beaux monsieurs s’tasser
Avec la simple idée de laisser le p’tit gars scorer
Moi quand j’vois ça j’me dis qu’on garde espoir parce que tôt ou tard
Comme le p’tit gars on aura toute notre moment de gloire
Comme moé qui chante des chansons depuis p’têt deux ans
Mais hey ! man
J’sais pas si toé ça va t’faire ben de la peine
Mais j’ai r’gardé pis j’ai r’checké pis ça d’l’air que l’hiver veut s’en aller
Oh non ça c’est le boutte triste de ma toune
Mais là toi j’te connais tu vas m’dire ouais, mais au pire
C’t’été on jouera au hockey dans rue
Mais là ça ça l’insinue que mon p’tit frère va aller gardien de but
Pis là y va faire ses déplacements style papillon
Pis là y va toute scraper ses beaux pantalons
On va être obligés de sortir la balle orange qui fait mal
Pis là au final mon frère va brailler pis c’est normal
Parce que cette balle-là a pince en simonac
Quand tu fais une feinte a reste tout le temps poignée sur l’asphalte
J’me dis «Osti mon pays ce n’est pas mon pays, mon pays c’est l’hiver
Pis c’est plate pis j’le dis, mais je m’ennuie déjà un peu des patinoires d’hier»
Références
Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751
Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.
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