La grève de milliers d’étudiants québécois, qui a débuté il y a plusieurs semaines, a donné lieu à des masses de discours, de textes, de conversations. On y retrouve souvent les mêmes mots. L’Oreille tendue en discutait l’autre jour, à la radio de Radio-Canada, avec Simon Jodoin.
Il y a cependant des mots que l’on n’entend pas du tout et qui seraient utiles pour comprendre certaines déclarations, d’un camp comme de l’autre.
L’Oreille suggère ainsi que se généralise l’emploi du mot casuistique.
Au sens strict, la casuistique relevait d’abord de la théologie : «Relig. Partie de la théologie morale qui s’occupe des cas de conscience» (le Petit Robert, édition numérique de 2010). Elle a par la suite pris une signification différente : «Péj. Subtilité complaisante (en morale)» (bis).
C’est en ce second sens que le mot pourrait être utile pour comprendre la crise actuelle.
Quand on demande à un porte-parole étudiant s’il est prêt à dénoncer la violence et qu’il répond que cela n’est pas inscrit dans son mandat, il donne dans la casuistique : personne n’a besoin de mandat pour dénoncer la violence.
Quand les représentants gouvernementaux et universitaires ergotent sur la nature des mouvements étudiants (grève ou boycottage des cours ?), ils donnent dans la casuistique : nombre d’étudiants ont choisi de ne pas être en classe pour donner du poids à leurs demandes, et ils n’y sont pas.
Ceux-là ne sont certes pas les seuls casuistes parmi nous.
P.-S. — Attention : au moins un logiciel de correction orthographique vous suggère de remplacer casuiste par caquiste. Ce n’est pas pareil.
P.-P.-S. — Dans sa collecte des mots de la grève, l’Oreille tendue vient de mettre en ligne un blogue consacré aux Pancartes de la GGI. Les contributions sont les bienvenues.
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2 réponses sur “Un seul mot vous manque, et tout est dépeuplé”