Soit les deux phrases suivantes, tirées du roman policier le Sauveur de Jo Nesbø.
«Elle avait ce visage bouffi et gonflé que provoquent de nombreuses années de boisson et d’usage de stupéfiants, était en surcharge pondérale et portait un T-shirt blanc crasseux sous son peignoir» (p. 36).
«Et comme il accusait une nette surcharge pondérale, qu’il souffrait de transpiration chronique et d’un naturel grincheux, c’était un souhait qu’il voyait le plus souvent exaucé» (p. 544).
«Surcharge pondérale» ? Peut mieux faire.
Référence
Nesbø, Jo, le Sauveur. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, traduction d’Alex Fouillet, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 552, 2012, 669 p. Édition originale : 2005.
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« L’embonpoint » et « l’obésité » seraient-ils rayés des dictionnaires?
oui.
Hélas.
Et « gros » est carrément tabou absolu.
(C’est Obélix qui doit être content)
Obélix n’était pas «gros». Il était «bas de poitrine». Ce n’est pas du tout la même chose.
312 000 occurrences ds Google, expression mise entre » »
http://www.google.fr/search?q=%22surcgarge+pond%C3%A9rale%22&oq=%22surcgarge+pond%C3%A9rale%22&sourceid=chrome&ie=UTF-8#hl=fr&tbo=d&spell=1&q=%22surcharge+pond%C3%A9rale%22&sa=X&ei=HlQFUcC9Hcix0QXQxoDQCw&ved=0CC8QBSgA&bav=on.2,or.r_gc.r_pw.r_qf.&bvm=bv.41524429,d.d2k&fp=a9161ed457d32e56&biw=1492&bih=1103
ici en Fr c’est le vocabulaire « propre » des marchands de soupe à maigrir, de ceux qui se veulent savant dans les études et les rapports, puisque comme chacun sait l’obésité ça ne touche que les pauvres en Amérique et surtout pas la France
on a tellement l’habitude de cette expression qu’elle est parfaitement à sa place ici, dans son rôle de critique sociétale
c’est pas l’Oreille Tendue qu’est en défaut, c’est juste qu’il faut remonter jusqu’au pb de langage et société, et le tabou mis sur « obésité »
voir sur publie « Les corpulents » de Régine Detambel
Surcharge pondérale sévit aussi au Québec. Cela dit, l’Oreille tendue attend d’un écrivain (ou d’un traducteur) qu’il marque ses distances avec cette forme de novlangue. Ça ne lui paraît pas être le cas ici.
pas facile d’aller sabrer dans la novlangue sans la citer, après chacun sa manière, le boulot d’Hubert Lucot ou de Novarina par exemple
«Citer», oui, parfaitement d’accord, en faisant voir, «chacun sa manière», qu’on cite.