«Retraité de l’enseignement collégial», un lecteur de la Presse, le 30 novembre 2013, avait une solution toute trouvée pour régler un problème à ses yeux évident, la faiblesse linguistique des élèves québécois : «les élèves finissant leur secondaire et même leur cégep écrivent et parlent mal leur langue maternelle» (p. A31).
(On pourrait sans trop mal mettre en doute le caractère général de cette faiblesse supposée, mais ce sera pour un autre jour.)
La panacée ? Un «texte sublime» : «Publié pour la première fois en 1936, le Bon Usage (dit grammaire Grevisse) demeure toujours l’ouvrage clé pour bien apprendre et écrire le français»; «La ministre de l’Éducation devrait imposer cet ouvrage à tous les professeurs du français du Québec et le mettre dans les mains de tous les élèves du secondaire et du collégial. Les règles seraient les règles de tout le monde. Les enseignants pourraient enfin se comprendre entre eux. Les étudiants pourraient apprendre, de la même manière, les règles et principes qui régissent leur langue maternelle.»
(À défaut du Grevisse, on pourrait se rabattre, semble-t-il, sur Mon livre de français, manuel publié par les Frères du Sacré-Cœur en… 1951.)
Malheureusement, ou heureusement, l’Oreille tendue n’a pas de solution facile à la «crise» de l’enseignement du français dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles. Elle a cependant sa petite idée pour diversifier les profils chez les maîtres de français au secondaire.
En 1994-1995, tous les programmes de formation des maîtres au secondaire ont été confiés, dans les universités québécoises, aux facultés des sciences de l’éducation de chacune d’elles. (Cela a aussi été vrai d’autres matières : mathématiques, histoire, etc.) Le gouvernement du Québec a alors fait le choix d’une filière unique pour l’enseignement du français au secondaire. Sans revenir sur le principe d’une formation pédagogique obligatoire pour les futurs enseignants, on pourrait souhaiter un retour à des filières multiples : programme de quatre ans offert par les facultés des sciences de l’éducation; programme disciplinaire de 1er cycle offert par les départements d’études littéraires de la province, couplé à une maîtrise dite «qualifiante» offerte depuis quelques années par les facultés des sciences de l’éducation (cette maîtrise a été créée pour régulariser le statut des enseignants en exercice qui ne détiennent pas le brevet d’enseignement exigé par les commissions scolaires).
Il ne s’agirait pas de restreindre le choix des étudiants et des établissements d’enseignement qui les recruteront à leur sortie de l’université, mais bien plutôt de l’élargir. À chacun de choisir quelle formation il souhaite recevoir ou quel type de professeur il souhaite embaucher.
On peut toujours rêver.
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Comme si enseigner avec Grevisse serait la panacée…
S’il y a effectivement des problèmes terminologiques dans nos écoles, un Grevisse est purement illisible, quant à moi, dans les mains d’un élève de première secondaire.