«Ma vie sentimentale est un cimetière sis dans un désert, au-delà de la mer de glace. Je n’ouvre plus un livre à l’exception des rébarbatifs registres de l’état civil. Les voyages que j’entreprends, tournés vers l’unique objet de mes recherches, ne me laissent aucun loisir pour le tourisme : je n’ai rien vu d’Amsterdam, de Lisbonne, de Chicago, d’Oulan-Bator. Je n’ai rien vu de Prague que les treize logements de Kafka auxquels me conduisit — donc — une fausse piste. On me dit qu’il y a des canaux à Venise, ah bon ? Mon toucher subtil m’attirait des compliments au tennis et au piano, j’ai dû renoncer à les pratiquer, aujourd’hui je les confonds un peu.»
Éric Chevillard, Dino Egger. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2011, 153 p., p. 90.
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