Cela a commencé, le 16 décembre, par un tweet de @MFBazzo : «On devrait décréter un moratoire sur le mot FESTIF. Au 1er, 2ème ou 10ème degré, y a comme abus de joyeux ici. #CalvaireMêmeLePainEstFestif!» (Le lendemain, elle écrira : «Boooooon… Après “pain festif”, voici les “aubaines festives”! Un #moratoire sur le festif s’impose urgemment.»)
La balle a été saisie au bond par @PimpetteDunoyer. «Citoyen», «urbain», «gourmand», «exclusif» : voilà les mots qu’elle proposait de ne plus utiliser.
L’Oreille tendue n’allait pas laisser passer une si belle occasion de rebattre celles de ses lecteurs avec ses marottes et autres détestations : «problématique», «faire en sorte que», «au niveau de», «capitale», «leader», «extrême», «projet structurant», «d’ici», «saga», «mythe à déboulonner», «industrie qui s’autorégule». Elle avait déjà mis «métissé» sur sa liste avant de tomber sur le titre suivant : «Les Fêtes sont commerciales et métissées» (le Devoir, 17-18 décembre 2011, p. E2).
Ce n’est évidemment pas tout. On s’en est pris à «plomber» — comme dans «le titre de la compagnie X plombé par l’euro» (@mdumais) —, à «historique» (@JimCote), à «allumé» (@Catoo80) et à «émotif» (@Baroudeur52). Pour sa part, @capveranda ne manquait pas de suggestions : «incontournable», «décalé», «in», «out», «winner», «loser».
(@NieDesrochers a été plus radicale : dès le 16, elle a proposé un moratoire… sur «moratoire». Elle a été suivie le lendemain par @BLajeunesse.)
En matière de clichés, ce ne sont pas les occasions de râler qui manquent.
P.-S. — S’il fallait quitter le monde des mots pour celui de l’édition, on pourrait abolir, sans grande perte, les livres sur les chats et les romans dont le narrateur est un enfant. Ce serait déjà ça de pris.
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« on pourrait abolir, sans grande perte, les livres sur les chats et les romans dont le narrateur est un enfant »
Ah non, là, je ne vous suis plus. Vous feriez passer à la trappe Le Petit Nicolas et la délicieuse série du Chat assassin ( http://bit.ly/uVuAa7 ) – entre autres titres.
Et que liraient les cégépiens sans La vie devant soi?
L’Oreille tendue vous laisse les chats, si vous y tenez. Pour les romans, elle pensait précisément à la Vie devant soi.
Le cégépien DOIT le lire, afin de savoir qu’il lira tout autre chose quand ce ne sera plus obligatoire 😉
… je ne tiens vraiment pas aux chats… mais outre le sus-mentionné, il y nombre d’oeuvres valables. Que feriez-vous de Je suis un chat, de Soseki et du Chat du rabbin de Joann Sfar?
L’Oreille tendue ne propose pas un moratoire rétrospectif (encore que…). C’est l’avenir qui l’intéresse, un avenir allégé en matière de littérature féline.
Votre « abolir » m’a fait peur, il pouvait impliquer une rétroactivité.
Pour l’avenir, allons-y gaiement.
Ah, comme je suis heureux de découvrir que je ne suis pas le seul à détester les mots « problématique » et « structurant »!
Déjà, il y a quelques siècles, j’écrivais un truc sur mon blogue à ce sujet:
http://www.machinaecrire.com/2007/08/jargon-corporatif.html
Et bravo pour votre beau programme!
Un moratoire sur « terroir », suremployé notamment dans le domaine culinaire.
Annihilons terroir. Partout, pour tout. Mort au machin terroir.