Le mot nation sera rayé du vocabulaire politique québécois jusqu’à ce qu’on lui ait trouvé une définition (et une utilité).
Le mot subversif sera rayé du vocabulaire de la critique littéraire jusqu’à ce qu’on retire les Œuvres de Sade de la «Bibliothèque de la Pléiade».
Les mots patrimoine historique ne seront pas utilisés dans la même phrase que le mot crucifix, sauf exception : la phrase «Le crucifix ne doit pas être uniquement considéré comme un élément du patrimoine historique» est acceptable.
Le mot moderne sera rayé du vocabulaire de la critique littéraire (et des médias dits culturels) jusqu’à ce qu’on lui ait trouvé une définition (et une utilité).
Il ne sera plus question de condos urbains tant et aussi longtemps que la ville ne sera pas à la campagne.
P.-S. — L’Oreille tendue n’ayant pas peur de se répéter, elle a déjà proposé plusieurs moratoires : sur l’usage radiophonique de écoutez; sur les titres bifides contenant le mot modernité; sur le découpage en périodes des livres portant sur le hockey. Ses lecteurs ont été au moins aussi radicaux qu’elle.
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Si «moderne» vous semble vague, «postmoderne» m’apparaît plus flou encore et je proposerais qu’il ne soit plus utilisé que dans l’orthographe «poste moderne» pour qu’on comprenne enfin que loin des récits narratologiques fragment-tourmentés, il ne s’agit en fait que du simple courriel.
Vu de l’Oreille, postmoderne, par rapport à moderne, n’est qu’un effet de mode passager, que presque plus personne n’ose utiliser sans le barder de guillemets.
Eh bien sachez que dans un cégep près de chez vous, il y a un nombre effarant de bardes guillerets d’une postmodernité pas du tout bardée de guillemets.