Chantons la langue avec Paul Piché

Paul Piché, À qui appartient l’beau temps ?, 1977, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Paul Piché, «La gigue à Mitchounano», À qui appartient l’beau temps ?, 1977

 

Saint-Scholastique ou parc Forillon
Fallait partir de bon matin
Pour les touristes ou leurs avions
On est toujours dansl’ chemin
Les gens ont perdu leurs maisons
Leurs terre et pis leur pays
Tout ce que j’ai pu faire
C’t’une p’tite chanson
Qu’ira pas plus loin qu’ici

Dans l’nord y a un moulin
Qui empoisonnait toutes les Indiens
Apparemment ça répondrait
Vraiment à un besoin
Pis on leu’ d’mande après ça
De r’garder le bon côté d’la vie
De pus chasser de pus pêcher
D’arrêter d’faire des p’tits
Y auraient ni tête, ni pieds
Pourraient pas travailler
Dans l’pâte et papier
Y auraient ni tête, ni pieds
Pourraient pas travailler
Dans l’pâte et papier

Va-tu falloir attendre qu’y ait
Démoli toutes nos maisons
Attendre d’être empilés dans des bâtisses
Faites en carton
Vas-tu falloir attendre
D’être rendu fous d’être affamés
Attendre d’avoir la corde au cou
Les mains ben attachées
Mais on a pas assez eu d’misère
Y nous faudrait l’enfer
Avant d’se révolter
On pas assez eu d’misère
Y nous faudrait l’enfer
Avant d’s’organiser

Les étudiants objectivement
S’inquiètent pour passer l’temps
Y gardent la connaissance entre eux
Comme le riche son argent
Ou ben on signe rien qu’une pétition
Mais c’est pas ben ben risqué
Y a pas d’danger qui voyent ton nom
Sur des feuilles toutes fripées
C’est là qu’on s’cache la face
Pour faire nos grimaces
Sur des bouts d’papier
C’est là qu’on s’cache la face
Pour faire nos grimaces
Sur des bouts d’papier
On s’est r’gardé à bout portant
L’nombril au premier plan
On sait qu’on est du monde peureux
Avec un bel accent
Ça on l’sait
Mais va-tu falloir attendre
Qu’y viennent nous chercher
Comme des bœufs
Quand on sera rendu rien qu’d’la viande
On sera pas moins nerveux
Mais on a pas assez eu d’misère
Y nous faudrait l’enfer
Avant de se révolter
On pas assez eu d’misère
Y nous faudrait l’enfer
Avant d’s’organiser

 

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