Soit les définitions suivantes de l’adjectif douteux : «Dont l’existence ou la réalisation n’est pas certaine»; «Dont la nature n’est pas certaine; sur quoi on s’interroge»; «Qui n’a pas ou ne semble pas avoir les qualités qu’on en attend; dont la qualité est mise en cause» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).
L’Oreille s’étonne toujours de l’entendre ou de le lire chez les commentateurs sportifs : «Sauf que le Canadien perdait 3 à 1, et que sur les trois buts accordés par Théodore, deux étaient douteux» (la Presse, 20 février 2001). Les buts ont été marqués ou pas ?
Son étonnement est semblable devant tel fait divers : «Un incendie douteux fait une victime» (la Presse, 14 août 2002). Il y a eu incendie ou pas ?
Le Devoir du 1er décembre dernier était plus troublant encore : «Décès douteux», sous-titrait-il (p. B5). Il y avait un mort ou pas ?
Rien de tout cela ne paraît douteux à l’Oreille, mais peut-être est-elle dure d’oreille.
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« douteux » au sens de « trouble », « difficilement qualifiable » se trouve pourtant attesté dans le dictionnaire du CNRTL qui est tout sauf douteux
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/douteux
L’Oreille ne veut certes pas en découdre avec le Centre national de ressources textuelles et lexicales, mais elle reste un brin sceptique devant l’emploi de l’adjectif douteux à toutes les sauces. Les «buts douteux» sont de mauvais buts et l’«incendie douteux» est tout simplement louche. La mort — même si on parle de «décès» —, elle, est sûre.
tant de doute que c’en est suspect.