Il est toujours périlleux de décréter qu’une publicité serait la plus mauvaise d’une année donnée. Cela étant, Molson a frappé fort dans les derniers jours de 2012, histoire de faire mousser sa Molson Canadian 1967.
Sa publicité occupait (partiellement) deux pages dans la Presse du 29 décembre (p. A12-A13).
En page de droite, une image d’une bouteille (fermée), devant un verre (plein), au-dessus d’une question : «Faites-vous une gars-iète ?».
En page de droite, les mots suivants, qui expliquent, si l’on peut dire, la question :
«GARS-IÈTE
[dessin d’une fourchette et d’un couteau]
[1gà-iète] – nom commun
1 Faire de l’exercice, pour pouvoir justifier le fait de manger ce que vous aimez. Comme un burger avec du bacon et des p’tits oignons frits croustillants, vous savez, avec un goût de revenez-y ww !»
En si peu de mots, tant de clichés.
S’il faut créer un nouveau mot pour désigner une pratique comme le régime alimentaire masculin («gars»), c’est que le mot courant (et impropre) diète ne s’appliquerait qu’aux femmes. Elles seraient les seules à faire, et à avoir fait, des diètes; on viendrait d’inventer pour eux les gars-iètes. (Di- serait-elle une racine féminine ? Comment est-on passé de la prononciation «gâ» à «gà» ?)
De plus, l’homme de cette pub se nourrit évidemment de bière, même s’il s’agit d’une «bière légère spécialement brassée à 67 calories par bouteille de 341 ml», et de «burger avec du bacon et des p’tits oignons frits croustillants». N’est-ce pas l’alimentation habituelle de tout mâle normalement constitué ?
À ces clichés, du plus épais sexisme, ajoutons un passage incompréhensible, du moins pour l’Oreille tendue — «un goût de revenez-y ww» — et un bout de phrase qui ne se rattache à rien — «Doit avoir l’âge légal de consommer de l’alcool».
De la bien belle ouvrage. Qui dit mieux ?
P.-S. — Ce sybyllin «ww» renverrait-il aux Weight Watchers, diète oblige ?
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Je suis pour le féminisme. Je suis contre l’ignorance et la stupidité.
À mon avis, cette annonce est le reflet du minimum d’effort fourni par une agence de pub pour mousser un produit majoritairement consommé au Québec par les gars.
Je n’y vois pas de jeu de mots sexistes, seulement une publicité – oui, navrante – conçue sans effort, qui tente de séduire les gars purs et durs et surtout très poilus, et les convaincre que même s’ils boivent de la bière, ils peuvent maigrir.
Une pub sexiste? Celle de Vidéotron où la fille fait reculer son conjoint avec une télécommande pour finalement lui faire dire ce qu’elle veut entendre, soit qu’il restera passer la soirée avec elle au lieu d’aller jouer au Poker avec ses amis.
Renversez les rôles. C’est acceptable? C’était acceptable dans les années 50. Heureusement, le mouvement féministe a réussi à conscientiser la population et l’inviter à prendre un virage – malheureusement trop lent – vers l’égalité des sexes.
Mais pas un mot sur la pub de Vidéotron. Beaucoup de publicités ridiculisent les hommes et les traitent comme des imbéciles. Que cette pratique soit utilisée – tant chez la femme que chez l’homme – me rappelle qu’il reste beaucoup de travail à faire et j’y vois là, une véritable forme de sexisme, sans aucune subtilité.
L’Oreille tendue est très très peu télévisuelle. Votre description de la publicité de Vidéotron ne l’incite pas à l’être davantage.
manifestement une tentative ratée de traduire un (déjà mauvais) jeu de mot anglais: le mot «guy» rime avec la syllabe «di» du mot «diet», traduisez ça au forceps et ça donne le truc sans queue ni tête décrit ici. et pour ce qui est du burger extra bacon, ça sera avec une IPA extra bitter en fût, merci.
Eurêka — malheureusement.
Un mot du petit pion détestable
« … histoire de mousser sa Molson… », écrit l’Oreille.
Oh !
La bière mousse toute seule; si elle ne le fait pas, on peut la faire mousser.
La mousser, je ne vois pas comment.
Quand on a, sur son blogue, une catégorie «Grogne du pion», on serait malvenu de trouver son semblable «détestable». (Merci.)