Loisir de (pré)confinement

Albert Camus, la Peste, édition de 1972, couverture

La peste apparaît à Oran. La population ne le sait pas encore.

«Tarrou semblait ensuite avoir été favorablement impressionné par une scène qui se déroulait souvent au balcon qui faisait face à sa fenêtre. Sa chambre donnait en effet sur une petite rue transversale où des chats dormaient à l’ombre des murs. Mais tous les jours, après déjeuner, aux heures où la ville tout entière somnolait dans la chaleur, un petit vieux apparaissait sur un balcon de l’autre côté de la rue. Les cheveux blancs et bien peignés, droit et sévère dans ses vêtements de coupe militaire, il appelait les chats d’une “Minet, minet”, à la fois distant et doux. Les chats levaient leurs yeux pâles de sommeil, sans encore se déranger. L’autre déchirait des petits bouts de papier au-dessus de la rue et les bêtes, attirées par cette pluie de papillons blancs, avançaient au milieu de la chaussée, tendant une patte hésitante vers les derniers morceaux de papier. Le petit vieux crachait alors sur les chats avec force et précision. Si l’un des crachats atteignait son but, il riait.»

Albert Camus, la Peste, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 42, 1972, 308 p., p. 31-32. Édition originale : 1947.

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