Une langue pleine de ressources

Le mot ressource est en voie de devenir un synonyme universel au Québec et aux alentours.

Il désigne le bois, le poisson, le poulamon, l’eau e tutti quanti. La ressource est menacée, dira un bûcheron, un pêcheur, un habitant de Sainte-Anne-de-la-Pérade, un embouteilleur, s’il craint pour son gagne-pain. Comme elle est menacée, il ne faut pas la dilapider : «Les évêques du Nouveau-Brunswick en appellent au partage de la ressource» (la Presse, 2 septembre 2000). Même le vent n’est plus le vent : c’est une ressource éolienne.

Dite naturelle, la ressource se trouve plus facilement hors des grands centres, dans les régions, d’où l’existence de régions ressources. Attention : selon l’Institut du Nouveau Monde, elles seraient elles aussi menacées («Le déclin des régions ressources», cahier inséré dans le Devoir du 25 février 2006).

Il y avait des personnes-ressources; maintenant ce sont plus simplement des ressources. Le système scolaire en abrite plusieurs (mais pas assez). Telle enseignante de sciences dans une école montréalaise signe ses missives «Mme XXXXXX / Ressource sciences». Même la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport partage ce vocabulaire, comme l’indique son message de la rentrée à l’ensemble des parents québécois : «Nous avons accru le nombre de ressources qui viennent en aide à vos enfants.»

Imaginons la scène dans une classe : Bonjour, je suis la ressource qui doit te venir en aide. On se réjouit par avance.

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4 réponses sur “Une langue pleine de ressources”

  1. La semaine dernière, au beau milieu de la France (Morvan), j’ai tenu dans mes bras une carpe de 10,1 kg — euh pardon, une ressource halieutique de 10,1 kg. Ainsi parle le quotidien régional Le Journal du Centre.

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