«J’aime la relecture de l’écologisme, du féminisme et du mouvement des droits des minorités comme attention au “monde proche” développée par [Pierre] Nepveu : “Chaque fois, écrit-il, un pouvoir, une souveraineté, une hégémonie sont appelés à reconsidérer ce qui paraissait petit, marginal, inférieur, négligeable, effacé et le plus souvent méprisé.” Cette éthique convie à tendre l’oreille, à écouter la parole discrète, qui se cache, s’interrompt avant d’avoir eu lieu. Non pas celle des vox pop, qui incite le premier venu à gonfler sa voix, à répondre à des questions qui ne sont pas les siennes, à faire entendre la doxa dans sa propre voix, non : plutôt celle qui hésite un peu à se confier, celle qui porte en elle des années de conscience silencieuse, qu’on n’entend jamais dans les médias, écrasée par la parole des personnes puissantes, privilégiées ou expertes (dont je suis, quoi que j’en dise).»
Michel Lacroix, Cécile et Marx. Héritages de liens et de luttes, Montréal, Varia, coll. «Proses de combat», 2024, 239 p., p. 166.
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