Conte périurbain

Julia Deck, Propriété privée, 2019, couverture

Il était une fois Éva et Charles Caradec. Elle fait dans l’urbanisme, lui dans la dépression chronique. Elle narre; il est son destinataire, en quelque sorte. En couple depuis trente ans et locataires, ils décident de quitter Paris pour devenir propriétaires dans un «écoquartier» (p. 95) hors les murs. Malheureusement pour eux, les Lecoq, des «démons» (p. 83), seront leurs voisins : bruit, poussière, vexations, adultères. Avec les autres membres de leur communauté — «Tu t’intéressais à la formation des communautés, à leurs mœurs, à la manière dont elles se soudent et se perpétuent, à leur destruction inévitable» (p. 97) —, ça n’ira guère mieux. Ils finiront par décider de déménager, au risque de se retrouver dans un «purgatoire immobilier» (p. 117). Cela commençait légèrement : «J’ai pensé que ce serait une erreur de tuer le chat, en général et en particulier, quand tu m’as parlé de ton projet pour son cadavre» (p. 7, incipit). Cela se terminera de façon beaucoup plus sombre. Qui a tué le chat ? Où est le chien ? Cette odeur, dans l’allée, qu’est-ce que c’est ? Charles a-t-il assassiné Annabelle Lecoq et son fils ? Éva n’en sait-elle pas plus qu’elle n’en dit ? C’est délicieux d’ironie noire.

 

Référence

Deck, Julia, Propriété privée. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2019, 173 p.

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