L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de dire tout le mal qu’elle pense de l’euphémisation lexicale de la mort : décéder, (nous) quitter, disparaître, s’éteindre, partir, être emporté.
Boucar Diouf, entendu hier soir au gala d’ouverture du congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (Acfas), apporte de l’eau à son moulin. Si Monsieur Tartempion s’éteint, pourquoi dit-on feu Monsieur Tartempion ?
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Les victimes de cette euphémisation sont les vieillards, les faibles, les malades, qui voient leur situation s’aggraver proportionnellement à notre incapacité à affronter ces difficultés. Nous protégeons notre faiblesse morale, notre soif insatiable de confort en condamnant les coquilles vides de nos vieux à l’invisibilité derrière les murs des services gériatriques et des maisons de retraite. Mais c’est notre humanité qui sonne la retraite…
Lorsque la mort quitte le domaine du réel, du visible, il nous est loisible de considerer la vie comme un enchainement de divertissements minutés, dont le maillage et la fin nous échappent.
Pauvres de nous, nous ne croyons plus en la mort… Retour à l’infantilité.