Tout un chacun le sait : l’Oreille tendue n’aime pas les rétrospectives — du millénaire, du siècle, de la décennie, de l’année, du mois, du jour, de l’heure, de la minute, de la seconde.
Elle n’est pas du genre à annoncer, le 15 novembre, que le mot de l’année, aux États-Unis, selon Oxford University Press, est un palinisme, le verbe refudiate.
Elle n’est donc pas, non plus, du genre à élire son mot de l’année.
Si elle s’intéresse au mot curator, c’est qu’il s’inscrit dans une jolie série de mots en c- qui caractérisent l’époque : commémoration, conspiration, communauté, génération C, corruption. (Les quatre premiers sont décrits ici; le dernier, au Québec, est sur toutes les lèvres.)
Curator (curation, to curate) désigne celui qui se donne pour mission de rassembler et de conserver, en un lieu du Web, tout ce qui nourrit sa passion. Un exemple, parmi des millions : la page Wikipédia consacrée aux éléments, matériaux, isotopes et particules atomiques inventés.
Le signe que le mot est à la mode ? On commence à déplorer son usage. C’était le cas, sur Twitter, le 23 décembre, de Susan Orlean, du New Yorker : «I am sick and tired of everything being “curated”. #thatisall.»
On en est là.
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4 réponses sur “Ceci n’est pas une rétrospective”