L’oreille tendue de… Yves Berger

Yves Berger, la Pierre et le saguaro, 1990, couverture«Désormais devenue l’Amérique de tout le monde, New York, banalisée, est la ville-terminus où s’accomplissent, puis se racornissent, les rêves courts de l’Européen (pareille misère affecte, avec San Francisco, l’Asiate, presque toujours japonais). Alors, aujourd’hui plus que jamais, go West, go South, chasseur de grandes merveilles (cette phrase est née en moi du souvenir de l’expression “chasseur de grands fauves” — et il faut bien admettre que la merveille, en Amérique, s’offre avec plus d’éclat, plus de force, voire d’imprévu, dans une surprise qui pour avoir été de longtemps attendue et observée n’en est pas moins absolue, à celui qui l’approche cœur battant et, circonspect, s’essaie à la sentir, le corps immobilisé et l’oreille tendue, s’en éloigne, s’en rapproche, la contourne, l’évente peut-être et, tout à coup, du canon double de son regard, tire) ! Chasseur de grandes merveilles — la merveille est qu’elles sont toujours en l’air ou, à terre, debout. Vivantes de l’éternité qui les parcourt, comme d’un sang.»

Yves Berger, la Pierre et le saguaro, Paris, Grasset, 1990, 149 p., p. 11-12.

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