(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)
«Ô mon siècle ! se peut-il que tu marches si vite malgré tous nos efforts pour te retenir ? Qu’avons-nous donc fait si ce n’est d’essayer de jouir des quelques années de jeunesse que tu jettes en courant aux cœurs avides et sitôt stupéfaits de les voir si vite envolées ? Si encore nous étions remplacés ! mais nous ne le sommes pas; notre génération est à jamais éteinte comme le Canada d’autrefois qui a disparu sous la lourde, triviale et uniforme casaque des mœurs modernes; les hommes deviennent de plus en plus raides affairés, poseurs, faiseurs, gobeurs et jobbeurs. Le niveau est devenu le même et pour tous, mais c’est un niveau singulièrement abaissé… Ah ! Ah ! n’allons pas plus loin, s’il vous plaît ! Nous allons tomber dans l’exécration de notre espèce, ce qui ne convient pas à un chroniqueur qui veut rester populaire.»
Source : Arthur Buies, «En route», l’Électeur, 25 juin 1887, p. 1.
Pour en savoir plus sur cette question :
Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.
P.-S.—Oui, le même Arthur Buies qu’ici.
Illustration : Albert Chartier, dans Claude-Henri Grignon et Albert Chartier, Séraphin illustré, préface de Pierre Grignon, dossier de Michel Viau, Montréal, Les 400 coups, 2010, 263 p., p. 139.
Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.