Votre gâteau est bon ? Au Québec, il pourra être écœurant. En France, ce sera une tuerie.
Autrement dit, ce qui est dégoûtant peut ravir et l’assassinat peut donner la vie.
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Brèves remarques sur ces deux mots.
Dans la Belle Province, le mot écœurant, quand il est mélioratif, se prononce souvent é—cœu—rant, avec trois accents toniques. Exemple d’utilisation : «[Les] photos sont écœurantes» (la Presse, 10 août 2001).
Selon des sources parisiennes proches de l’Oreille tendue, la tuerie est fréquemment alimentaire, mais pas seulement. Ce qu’elle désigne est génial et tout le monde se l’arrache.
Le jour même où l’Oreille découvre l’existence de ce mot, elle lit ceci chez François Bon : «Puis l’autre tuerie (mais pourquoi les autres ne le font pas ? – ni même iPad, même si fonctions proches…), l’adresse e-mail attachée à votre bécane.» Merci, François, de la confirmation.
[Complément du 8 décembre 2018]
Le toujours excellent Michel Francard consacre sa chronique de la semaine à «C’est une tuerie».
[Complément du 21 décembre 2023]
Une déclaration d’un gardien de but des Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, publiée aujourd’hui dans le quotidien montréalais la Presse+, pourrait étonner : «Je suis juste vraiment bien quand je suis à la maison avec ma famille. C’est tout le temps simple. On a du fun, on s’écœure. On est vraiment tissés serré.»
S’écœurer serait donc positif : «Je suis juste vraiment bien»; «On a du fun.»
Dans ce contexte, s’écœurer pourrait avoir comme synonyme tirer la pipe : il s’agit bien de se mettre au défi, de se moquer, de se narguer, mais toujours amicalement.
Ne le prenez pas en mauvaise part.
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2 réponses sur “Divergences transatlantiques 021”