En 2013, au micro de Catherine Perrin, à la radio de Radio-Canada, l’Oreille tendue avait déploré la multiplication de ce qu’elle appelle les décaleurs temporels d’énoncés : tous ces mots qui servent à dire que l’on va parler, mais qui, du fait même de leur existence, retardent le moment où l’on va enfin dire ce que l’on aurait à dire. Les exemples sont nombreux : écoutez, j’ai le goût de vous dire que, je vous dirais que, je voudrais vous dire que, j’ai envie de vous dire que, j’aurais envie de vous dire que, on parle de, on va se le dire, etc.
Puis, le 13 octobre, encore à la radio de Radio-Canada, l’Oreille a entendu ceci : «D’abord vous dire que […].» On ne se donne même plus la peine de conjuguer.
[Complément du 21 août 2021]
L’Oreille est revenue sur «vous dire que» le 3 juillet 2021.
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Il s’agit, me semble-t-il, d’exemples plus ou moins adroits qui renvoient à la fonction phatique du langage.
Merci. Ce qui importe à l’Oreille, c’est cependant moins leur nature que leur omniprésence dans le discours public.