Au baseball, quand un frappeur envoie la balle à l’extérieur du terrain, mais à l’intérieur des lignes, cela s’appelle frapper un (coup de) circuit. On peut aussi dire que ce frappeur l’a sortie du stade, encore que le mot stade puisse avoir deux sens ici : la balle ainsi frappée sort des limites du terrain, certes, mais pas nécessairement de l’édifice qui abrite ce terrain. Passons.
L’expression la sortir du stade a (récemment ?) quitté les losanges pour passer dans la langue courante.
Dans la Presse+ du jour, on peut ainsi lire ceci : «Au baseball, disait Yogi Berra, ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini. C’est vrai. Stephen Bronfman a encore une chance de la sortir du stade. Il est capable. Il en a les moyens. Encore faut-il qu’il se présente au bâton de nouveau.» Dans ce cas, on ne s’attend pas à ce que Stephen Bronfman frappe bel et bien un circuit dans un uniforme de joueur, mais on laisse entendre qu’il peut réussir avec panache — qu’il la sorte du stade — le projet qu’il a entrepris de ramener une équipe de baseball professionnel à Montréal.
À la radio de Radio-Canada, à l’émission La soirée est encore jeune, on entend souvent l’expression dans la bouche de Jean-Sébastien Girard, généralement pour applaudir aux chroniques d’Olivier Niquet. Or Girard — attention : euphémisme massif devant — n’a jamais fait preuve d’une solide culture sportive. En utilisant l’expression, il montre qu’elle est devenue commune et il contribue à sa diffusion. Les amateurs de balle lui en sauront gré.
P.-S.—Oui, le titre de ce billet est une allusion à l’œuvre de Rodger Brulotte.
P.-P.-S.—Oui, on peut frapper un coup de circuit au champ gauche.
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