On s’inquiète périodiquement de la place du français à Montréal. Un article du Devoir du 28 décembre (p. A2) laisse croire qu’il y a peut-être plus d’espoir qu’on ne le dit généralement.
Dans la nuit du 26 au 27, à Pointe-aux-Trembles, à l’extrémité est de l’île, un incendie a endommagé ce que ses utilisateurs appellent «un lieu d’activités socioculturelles où l’on prie aussi». Le journal, plus simplement, parle de «mosquée».
Le président du «centre», Abdelrhaffar Naim, raconte : «Nous avons vu la boucane monter et nous sommes sortis.»
Parler de boucane, au lieu de fumée, dans une mosquée montréalaise : tout n’est peut-être pas perdu. La langue populaire pénètre partout.
[Complément du 13 mars 2024]
Il fut un temps, dans l’histoire linguistique du Québec, où ce mot n’allait pas de soi. C’est le cas chez André Belleau en 1971 : «On était revenu vers le centre par la Côte-des-Neiges. En bas, toutes blanches au-dessus du fleuve, les fumées — j’aimerais dire les boucanes — de Montréal grimpaient puis s’ouvraient comme de grands palmier» (p. 5).
Référence
Belleau, André, «Discours de Marcel Duchamp ivre sur la condition des filles du boulevard Saint-Laurent», Liberté, 76-77 (13, 4-5), décembre 1971, p. 5-10. Repris dans Montréal en prose. 1892-1992. Anthologie présentée par Nathalie Fredette, Montréal, l’Hexagone, coll. «Anthologies», 5, 1992, p. 288-294. https://id.erudit.org/iderudit/30676ac
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« Péril en la demeure » comme dans « il y a urgence d’agir »?
«Péril en la demeure ?», avec un point d’interrogation, comme dans «Y a-t-il urgence d’agir ?», en version légèrement ironique.