Profitant de la parution des lettres de François Mitterrand à Anne Pingeot, Fabien Deglise, dans le Devoir du jour, publie un texte sur la lettre d’amour (p. F1-F2). Il a interrogé l’Oreille tendue, parmi d’autres, sur l’avenir (ou son absence) de cette forme.
S’agissant toujours d’épistolaire, @PhDidi1713 transmet cette citation de Marisha Pessl à l’Oreille (merci).
Ces lettres auraient charmé toute nouvelle élève ordinaire. Au bout d’un ou deux jours de résistance verbeuse, telle une vierge naïve du dix-huitième siècle, la fille se serait glissée sur la pointe des pieds dans le sombre Scratch en mordant d’excitation sa lèvre inférieure cerise pour y attendre Charles, l’aristocrate en perruque qui l’aurait conduite (jupe-culotte retroussée) à sa perte.
[…]
Papa avait un jour dit que les lettres manuscrites (désormais assimilables au triton crêté sur la liste des espèces menacées) étaient l’un des rares objets qui recèlent de la magie en ce monde : «Même l’idiot ou le faible, ceux dont on ne supporte à peine la présence, sont tolérables dans une lettre, et peuvent même y devenir modérément amusants.»
Pourtant, ces lettres me semblaient étranges et peu sincères, trop «Madame de Merteuil au vicomte de Valmont, Château de…», exagérément «Paris, 4 août 17…» (p. 123-124)
Alors, «espèce menacée» ou pas ?
Références
Mitterrand, François, Lettres à Anne. 1962-1995, Paris, Gallimard, coll. «Blanche», 2016, 1280 p.
Pessl, Marisha, la Physique des catastrophes, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 4835, 2009, 832 p. Traduction de Laetitia Devaux.
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