«Les Québécois doivent détenir une espèce de prix international dans le domaine du jurement. Certains anthropologues y verraient probablement une illustration de l’ambivalence du sacré. Depuis toujours, ce spécimen d’humanité a appris à nommer les choses sacrées et à les considérer comme les plus importantes de sa vie terrestre et éternelle. Elles représentent une espèce de summum indépassable. Quand il est à l’Église ou qu’il récite ses prières, ces mots sacrés qu’il entend ou prononce sont revêtus d’une aura religieuse. Quand, dans sa vie profane, il voudra exprimer une émotion forte, les mots sacrés se présenteront presque naturellement à lui. Son vocabulaire étant souvent limité, le mot sacré exprimera un superlatif. “C’est beau en Christ”, «Baptême que cette fille-là est bien faite”. Parlant de quelqu’un qui est en colère, il dira qu’“il est en hostie”. Ce n’est que lorsqu’il se fâchera lui-même, que tout ira mal, que le Québécois injuriera le ciel et qu’il “sortira tout ce qu’il y a dans l’église et dans les cieux”. Sa faculté d’invention ne connaît alors plus de bornes. Commençant par les “hosties carreautées” et passant par les “tabernacles de tôle” il ira jusqu’à “chier sur les quatre poteaux du ciel”. Tous les saints du ciel — il en invente au besoin — et la Sainte Vierge en particulier, en prendront pour leur grade.»
Marcel Rioux, les Québécois, Paris, Seuil, coll. «Microcosme. Le temps qui court», 1974, 188 p., p. 46.
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« Non, les Québécois ne sont pas nos cousins, ni des Canadiens comme les autres. Oui, ils parlent français mais ne sont pas tous bilingues. Non, ils ne passent pas l’hiver dans une ville souterraine. Oui, ils sont « cools » mais, hélas, pas aussi écolos qu’on l’imagine. Et, une bonne fois pour toutes, « tabarnak » est une insulte grossière qui ne convient guère pour entamer une conversation! »
Laurence Pivot & Nathalie Schneider, Les Québécois, Paris, HD ateliers henry dougier, coll. « Lignes de vie d’un peuple », 2017, p. 9.