Fourrer, au Québec, a tous les sens qu’on lui donne en français hexagonal. De surcroît, un usage, jugé familier dans le Petit Robert, et un que ne décrit pas ce dictionnaire y sont fréquemment attestés, et les deux concernent une forme de connaissance.
Il y a se fourrer au sens de se tromper. Exemple tiré de la Vie d’Anne-Sophie Bonenfant, roman dont l’Oreille tendue parlait hier : «Bon, faut croire que c’est un souvenir fabriqué, ou plutôt des souvenirs superposés, genre que je me fourre entre deux gâteaux […]» (p. 67). La mémoire paraît confondre deux gâteaux. Sa connaissance n’est pas solide.
Et il y a le sens familier évoqué plus haut : fourrer est alors synonyme de la connaissance dite biblique (Gn 4:1).
Il ne faut pas confondre.
[Complément du 15 octobre 2016]
Les narratrices du recueil de nouvelles Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard (2016) aiment beaucoup ce verbe en son deuxième sens. Elles emploient aussi un substantif que ne connaissait pas l’Oreille tendue pour désigner les occasions où on le pratique : «On jouissait comme des cochons. À la fin de nos fourres, on se donnait des high five, on se félicitait» (p. 37). C’est noté.
[Complément du 18 mars 2020]
Qui est digne de fourrer, ou de l’être, est évidemment fourrable — ou pas : «anyway je ne suis pas fourrable ces temps-ci, je ne suis pas sortable, je ne suis pas grand-chose» (la Morte, p. 13).
Références
Arsenault, Mathieu, la Morte, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 141, 2020, 131 p.
Blais, François, Vie d’Anne-Sophie Bonenfant. Roman, Québec, L’instant même, 2009, 241 p.
Savoie-Bernard, Chloé, Des femmes savantes. Nouvelles, Montréal, Triptyque, 2016, 120 p.
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« fourrer est alors synonyme de la connaissance dite biblique » => dans beaucoup de régions de France, Belgique et Suisse aussi, de même dans beaucoup de pays africains.
Le français hexagonal ne se limite pas à Paris.
Il y a aussi :
Une fois je me suis fait fourrée et j’ai perdu connaissance.
Et puis il y a le chef cuisinier qui donnait son cours : « il faut ensuite fourrer la religieuse »….et les apprentis en cuisine se sont mis à rire, on se demande encore pourquoi…
(je fais mon possible n’étant pas une « lettreuse », excusez-là)
enwaye à méson toé…dans ta chambre à part ça. Woire si ça du bon sang de parler de ses fréquentations en public en plusse. Maudite dévergondée.
J’aime fourrer le monde. Fourrer ma blonde.