Soit un tweet :
De Helsinki, merci @JLaniel pour le un fou dans une poche entendu sur @icircpremiere.
— JeanPhilippePayette (@jeanphipayette) May 26, 2015
Soit un article savant :
«Un fou dans une poche ! Du théâtre français au début du régime anglais»
Soit un extrait de roman, les Particules de Krause (2010) :
«Bien sûr. Que pouvait-il lui répondre d’autre ? Il avait humé une proie facile. Une jeune femelle en détresse. Et tout ce bazar contenu dans son véhicule trahissait l’urgence d’une solution. Un fou dans une poche» (p. 45).
Un fou dans une poche, donc. Que signifie cette expression québécoise ?
Citons le Wiktionary : «S’emploie pour indiquer qu’il faudrait être fou pour ne pas profiter d’une occasion dont il est question.» Qui dit Un fou dans une poche marque donc, plus généralement, l’évidence d’une situation : cela va de soi.
P.-S. — André-G. Bourassa, dans son article de 1993, emploie l’expression dans le titre, mais pas dans le corps du texte, et jamais il n’en donne le sens : tout le monde va comprendre, bien sûr. Un fou dans une poche !
P.-P.-S. — Il peut arriver, dans la Belle Province, que la poche désigne l’«Enveloppe cutanée des testicules» (le Petit Robert, édition numérique de 2014). Ce n’est pas le cas ici.
[Complément du 16 octobre 2022]
Dans les commentaires ci-dessous, un lecteur évoquait, comme étymologie possible, les Fourberies de Scapin, de Molière. Jacques Audet, un personnage de J’étais juste à côté (2022), le roman de Patrick Nicol, va dans le même sens (p. 169).
Références
Bourassa, André-G., «Un fou dans une poche ! Du théâtre français au début du régime anglais», Cap-aux-Diamants, 35, automne 1993, p. 26-30. https://id.erudit.org/iderudit/8425ac
Gordon, Sandra, les Corpuscules de Krause. Roman, Montréal, Leméac, 2010, 237 p.
Nicol, Patrick, J’étais juste à côté. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 176, 2022, 192 p.
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Serait-il possible qu’il s’agisse d’un emploi de « poche » avec l’acception « sac » (connue autrefois en français général, toujours vivace dans l’Ouest de la France)?
Oui, sans aucun doute. Mais la question reste entière : qu’y ferait un fou ?
Bonjour. Est-ce possible que cela renvoie au texte Les fourberies de Scapin, de Molière :
« Celui-ci, dans le sac, ne voit pas que c’est son serviteur le bourreau de l’histoire. C’est donc bien un fou dans une poche.«
Scapin enferme son maitre dans un sac (une poche) et le bât. Peut-être y a t-il un lien…
Belle piste ! Merci.
J’aime bien comment certains vont au bout du monde pour trouver des explications. J’ai un doute sur les Fourberie de Scapin. Il me semble (et c’est juste mon appréciation personnelle de l’auteur illustre) que si Molière avait voulu dire poche. il n’aurait pas dit sac.
AUTRE THÉORIE
Voici, un autre proposition qui me semble plus proche du plancher des vaches.
Au Québec, dans un jeu de carte on parle aujourd’hui tous d’un joker, mais j’ai souvenir qu’à une époque lointaine certain parlaient du « fou » (comme au échecs) ou du « fou du roi » pour la même carte. C’est d’ailleurs la représentation graphique. Dans nombre de jeu, cette carte est un atout qui fait gagner à coup sur.
« Un fou d’… une poche » ne serait que la version québécoise d’ « avoir un joker en poche » des français..
La certitude que les choses vont bien aller.