En 2013, le fil Twitter de l’Oreille tendue a été occupé pendant quelques heures par l’expression se faire lutter par. La discussion avait été déclenchée par ce tweet de @LeMotZuste :
Quelqu'un connait l'expression "Se faire lutter par un char?" @benoitmelancon @PimpetteDunoyer @LucieBourassa Je viens de l'entendre.
— LeMotZuste ?@lemotzuste@masto.ai (@LeMotZuste) August 8, 2013
Plusieurs des personnes à intervenir par la suite ont indiqué connaître l’expression et son origine géographique : l’Outaouais. La Parlure. Le dictionnaire collaboratif du français parlé en donne la définition suivante : «Se faire frapper, se faire rentrer dedans» par une voiture. On y lit aussi le commentaire suivant : «Cette expression est aussi beaucoup utilisée en Ontario français, tant dans la région d’Ottawa que dans le Nord de l’Ontario. Toutefois, le verbe lutter peu aussi prendre la signification inverse, soit d’être l’instigateur de la collision, en remplacement du verbe frapper.» Autre région concernée, y lit-on : les Hautes-Laurentides.
C’est ce deuxième sens que l’on retrouve sous la plume de Louis Hamelin, mais en Abitibi, dans son roman Autour d’Éva : «Stan a des amis qui prétendent qu’on n’est pas un vrai Abitibien tant qu’on n’a pas lutté un orignal. Ce qui veut dire “frappé un original sur la route”, mais les gens du coin disent lutté, allez savoir pourquoi» (p. 170).
En effet, allez savoir pourquoi, et où.
Référence
Hamelin, Louis, Autour d’Éva. Roman, Montréal, Boréal, 2016, 418 p.
Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.
J’ai tellement rigolé en voyant cette photo 🙂 !!!
Dans le Dictionnaire des canadianismes de Gaston Dulong, publié chez Larousse, lutter est traité d’anglicisme ! (origine hit)