En 2004, l’Oreille tendue coproposait la définition suivante du mot capitaine dans le Dictionnaire québécois instantané :
Archaïsme. À l’époque des tavernes, appellatif de garçon : Capitaine ! Encore deux Torrieuse. Le client du capitaine est souvent le boss* : Les v’là, boss (p. 34).
Cette définition appelle deux remarques. D’une part, capitaine peut avoir une assez large extension hors brassin. D’autre part, l’association capitaine / boss peut aussi accueillir le chef.
Deux exemples le démontreront.
Le premier provient du poème «C’est vrai» de Patrice Desbiens :
Hé capitaine
t’aurais pas un
trente-sous ?
Merci chef
j’avais
pas mal
soif
[…]
C’est vrai qu’y
fait beau
pas vrai,
boss ? (éd. de 2010, p. 99-100)
Le second se trouve dans un des essais radiophoniques de Serge Bouchard, «Le supérieur immédiat» :
Je me suis toujours interrogé sur ces vendeurs qui s’adressent aux clients à grands coups de «que puis-je faire pour vous, chef ?» et de «c’est beau comme ça, capitaine ?». Le faux clin d’œil est malaisant, il exprime une solidarité de «mononcle», une familiarité de mauvais aloi (p. 199).
Dont acte.
Références
Bouchard, Serge, Un café avec Marie, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 2021, 270 p.
Desbiens, Patrice, Poèmes anglais suivi de la Pays de personne suivi de la Fissure de la fiction, Sudbury, Prise de parole, coll. «Bibliothèque canadienne-française», 2010, 223 p. Préface de Jean Marc Larivière. Éditions originales : 1988, 1995, 1997.
Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.
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