«Il est seul, bon, il s’en doute depuis longtemps, et peut-être un jour finira-t-il par s’y faire. Il est seul, échappant aux statistiques idiotes et aux clichés, il n’est pas cet ado fluo en panne de cause et d’orthographe que les sociologues ont érigé en norme et que les journaux n’arrêtent pas de fustiger. Sont morons» (p. 159-160).
«Chez lui, presque tout de suite après, il la débarrasse de son sac, de ses hésitations, de ses vêtements, et voilà que la magie recommence […]» (p. 174).
«Il prit alors la parole et ne la lâcha pas de tout le repas, tant qu’il n’eut pas exprimé du sujet et des plats leurs sucs substantiels, car une rare dextérité lui permettait d’agiter alternativement la luette et la langue sans que rien n’en souffre, ni déglutition ni discours. Sylvain, lui, toucha à peine à ses aliments, incapable de s’abandonner à l’appétit et au foudroiement en même temps» (p. 183).
Monique Proulx, les Aurores montréales. Nouvelles, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 85, 2016, 238 p. Édition originale : 1996.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
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