Ils sont nombreux à vouloir tirer profit des victoires des Canadiens de Montréal dans les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey.
La chaîne d’alimentation Metro (sans accent) a ainsi acheté une pleine page de publicité dans la Presse du 29 avril 2010 (p. A9), toute de bleu-blanc-rouge, les couleurs de l’équipe, sur fond de patinoire :
On en a mangé des émotions.
Assis, debout, couché sur le sofa. La pointe de pizza avant la mise au jeu. La bouche pleine en chialant contre l’arbitre. Le bol de maïs soufflé entre l’enthousiasme et l’inquiétude. La crème à glace quand notre gardien est touché par la grâce. Le ketchup à côté de l’assiette quand la rondelle frappe le poteau. Les yeux pleins d’eau, remplis de fierté pour nos Glorieux.
Metro
Fière partenaire des Canadiens de Montréal
Passons sur le titre, dont l’indigence n’a d’égale que celle du texte. Notons au passage l’absence de verbes conjugués : l’abus des phrases nominales est pourtant un crime grave, passible des pires violences. Attachons-nous toutefois un instant à la relation trouble du maïs soufflé et de la crème à glace.
Partons d’une évidence : qui dit crème à glace ne dit pas maïs soufflé — il dit pop-corn; qui dit maïs soufflé ne dit pas crème à glace — il dit crème glacée, voire, cas extrême — cas français de France — glace. Pourquoi cette rupture dans les niveaux de langue ? Pourquoi ne choisir ni glace ni crème glacée ?
Pour deux raisons. Glace n’aurait pas pu remplacer crème à glace : cela aurait créé une confusion avec la surface sur laquelle jouent les Canadiens. Crème à glace rime (à peu près) avec grâce.
La poésie n’est pas toujours où on l’attend.
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