Soit les deux phénomènes suivants, indubitables l’un comme l’autre.
Il arrive que les écrivains, des plus obscurs au plus célèbres, soient fascinés par un mot ou une expression.
Samuel Archibald est, ces jours-ci, un des écrivains les plus célèbres au Québec. Encore cette semaine, il recevait le Prix des libraires pour son Arvida (2011). (L’Oreille parlait de ce recueil le 2 septembre 2011.)
Dès lors, une question se pose à l’exégète archibaldien : l’auteur d’Arvida a-t-il un mot fétiche ? Si oui, lequel. (Il n’y a pas de sinon.)
L’Oreille tendue propose l’hypothèse suivante : Samuel Archibald a un faible pour différentiel (pas l’adjectif, le substantif).
Démonstration
«C’est Jim qui conduit sur les chemins de bois quand son père est soûl. Il a aidé son père à monter dans le camion puis il a roulé lentement sur la route de la compagnie forestière. Son père ronflait à côté de lui quand c’est arrivé, juste avant la côte défoncée qui le rend toujours nerveux, la côte pleine de roulières où les camionneurs cassent souvent leur transmission et qu’ils appellent la côte du différentiel» (Arvida, p. 43).
«J’ai acquis là-bas [dans une shop] une certitude en germe, qui est moins une posture politique à part entière que ma morale d’écrivain et d’enseignant : je n’ai pas le droit de demander aux gens de s’intéresser à ce que j’écris ou d’écouter ce que j’ai à leur dire si je ne les écoute pas moi-même et si je ne m’intéresse pas du tout à la fabrication du nœud Rapala, au bon assemblage du tré-carré ou aux sensibilités particulières des différentiels» («Le néoterroir et moi», p. 25).
CQFD
Références
Archibald, Samuel, Arvida. Histoires, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 04, 2011, 314 p. Ill.
Archibald, Samuel, «Le néoterroir et moi», Liberté, 295 (53, 3), avril 2012, p. 16-26. https://id.erudit.org/iderudit/66334ac
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