Divergences transatlantiques 033

Soit la phrase suivante, tirée de l’excellente série «précipités» de Mahigan Lepage :

«ça file devant mes yeux au carrefour d’hanoï où je m’envoie des litres de bia hoi en arrière du gorgoton» («jeune couple on a date un samedi soir à un carrefour d’hanoï», 7 juillet 2014).

Gorgoton, donc.

Cela s’entend : le gorgoton a à voir avec la gorge. Définition de Léandre Bergeron en 1980 : «Gorge. Gosier. Pomme d’Adam» (p. 252).

Qui s’envoie une bière «en arrière du gorgoton» se rince la dalle.

Notes historiques

À la fin du XIXe siècle, on trouve trois fois le mot sous la plume d’Hector Berthelot dans les Mystères de Montréal par M. Ladébauche, sous deux graphies différentes : «gargoton» (p. 71 et 144), «gorgoton» (p. 212).

Usito, le dictionnaire en ligne du français québécois, s’intéresse à l’histoire du mot : «L’étymologie de cet article est en cours de révision.» Sa définition est presque la même que celle de Bergeron : «Gorge, gosier.» L’exemple donné date de 1972 : «La vérité était qu’il n’osait pas s’avouer qu’il s’inquiétait, qu’une boule d’angoisse lui serrait le gorgoton depuis qu’il avait mis les pieds dans la rue des Récollets» (V.-L. Beaulieu, 1972).

 

[Complément du 26 mars 2019]

En 1937, la brochure le Bon Parler français classait «Gorgoton», mis pour «Gosier», parmi les barbarismes (p. 21).

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Berthelot, Hector, les Mystères de Montréal par M. Ladébauche. Roman de mœurs, Québec, Nota bene, coll. «Poche», 34, 2013, 292 p. Ill. Texte établi et annoté par Micheline Cambron. Préface de Gilles Marcotte.

Le Bon Parler français, La Mennais (Laprairie), Procure des Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, 24 p.

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