Étymologie simple : mon oncle => mononcle => mononc’. C’est affaire de prononciation.
Parmi les mononc’, il y a celui qui est réputé lent. Il doit lasser sa place aux plus pressés : «Tasse-toi mononcle, viens-t-en le jeune !» (la Presse, 12 mars 2001)
Ce fut à une époque une publicité télévisée de Volkswagen. Sur Twitter, Marie-France Bazzo s’en est souvenue quand le président de la firme automobile a récemment (été) démissionné.
Il y a aussi, chez les mononc’, le libidineux. On lui doit des jokes de mononc’. Le terme a beaucoup été utilisé pour parler de Marcel Aubut, ci-devant président du Comité olympique canadien, qui vient d’abandonner son poste à la suite de plaintes pour harcèlement sexuel. Dans le Journal de Montréal d’hier, son vieil ami le journaliste Réjean Tremblay a écrit un texte sur l’affaire Aubut. Il n’a pas été très bien reçu. Marie-France Bazzo, encore, sur Twitter, encore :
Et , sur un autre ton que celui de R Tremblay; les mononcs… #BazzoTV https://t.co/vrbIRz2laX
— Marie France Bazzo (@MFBazzo) October 5, 2015
On connaît encore celui qui n’est plus à la mode, le ringard : «Mononcles et matantes s’abstenir» (la Presse, 10 février 2002).
Ces catégories ne s’excluent pas l’une l’autre : on peut être lent, libidineux et vieux.
P.-S. — Toujours sur Twitter, le chroniqueur politique Vincent Marissal a proposé le néologisme mononclatisation à la suite de sa lecture du texte de Réjean Tremblay. (L’Oreille tendue ne parierait pas sur le succès de celui-ci.) Pour sa part, @revi_redac le traite de «TurboMononcle».
P.-P.-S. — Il faut être pas mal mononc’ pour publier un communiqué de presse dans lequel, au lieu du mot femmes, on parle «de certaines personnes de la gent féminine».
P.-P.-P.-S. — Plus banalement, mononc’ est un hypocoristique : «Heye, mononc’, raconte-moi l’histoire du Rocket.»
P.-P.-P.-P.-S. — Il a déjà été question du mononc’ ici.
[Complément du 22 septembre 2017]
Accueillons un nouveau membre de la famille : celui qui corrige les fautes de langue des autres.
Un "draft"? Franchement @SylvainGaudrea2 Un brouillon! #mononc101
— Antoine Robitaille (@Ant_Robitaille) September 21, 2017
Ce «mononc»-là est un défenseur de la Charte de la langue française du Québec, la ci-devant loi 101.
[Complément du 9 juillet 2018]
Il y a (eu) mononclatisation. Il y a aussi mononclisation, par exemple dans ce tweet.
Baon, la "mononclisation" du cinéma québécois astheure… https://t.co/S7k3MqbYHL
— Charles-Alexandre Théorêt (@catheoret) July 9, 2018
[Complément du 7 février 2020]
Dans le Devoir du jour, on peut lire une occurrence de mononcle comme adjectif : «un personnage exagérément mononcle». À l’oreille de l’Oreille, cet usage paraît peu fréquent. (Elle peut se tromper.)
[Complément du 17 mars 2021]
Autre adjectif, encore chez Marie-France Bazzo : «droite identitaire “mononquesque”» (Nous méritons mieux, p. 119).
[Complément du 20 juin 2024]
Dans la Presse+ du jour : «Place aux vacances pour les élus. Entre ingérence, incurie et “mononcleries”.»
[Complément du 23 juin 2024]
Sur Twitter : «mononclisme».
Référence
Bazzo, Marie-France, Nous méritons mieux. Repenser les médias au Québec, Montréal, Boréal, 2020, 213 p.
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