Le fusible des francophones est la fuse des anglophones ? Au Québec — où l’on peut entendre qu’il y a une fiouse à changer dans le panneau électrique —, on ne se contente pas de cela.
Soit la phrase suivante :
«Monti, en se pliant, lâcha une fiouse furtive. Une chaude. Et de voir les États-Uniens virer de même au vert sans risquer une plainte, pas le moindre pouah, il se délecta bien gros de ça. Il avait encore un cœur d’enfant» (la Bête creuse, p. 191).
«Furtive», «chaude» et fétide, cette «fiouse», que Monti vient de «lâcher», est une flatuosité humaine. (Il y en a une animale dans le Numéro 6 d’Hervé Bouchard [p. 20].)
Par un curieux déplacement anatomique, la fiouse peut aussi désigner le visage. Ainsi, qui se fait péter la fiouse souffre de coups au haut du corps.
Pierre DesRuisseaux connaît un autre sens pour cette expression : «Péter une fiouse. Perdre l’esprit, tout sang-froid» (p. 151). Cette fiouse-là est donc un câble ou une coche — bref, les plombs.
C’est comme ça.
Illustration : Je sais tout de Pierre Bouchard (p. 72).
[Complément du 5 octobre 2018]
On peut aussi se péter la fiole. Exemple ici.
Références
Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.
Bouchard, Hervé, Numéro six. Passages du numéro six dans le hockey mineur, dans les catégories atome, moustique, pee-wee, bantam et midget; avec aussi quelques petites aventures s’y rattachant, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 80, 2014, 170 p.
Bouchard, Pierre, Je sais tout, Montréal, Éditions Pow Pow, 2014, 106 p.
DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015 (nouvelle édition revue et augmentée), 380 p.
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