Dans certains cas, ce sont des jambes, comme ailleurs dans la francophonie. C’est ainsi chez Catherine Lalonde, dans la Dévoration des fées (2017) : «La p’tite dort les yeux ouverts, ses bras et longues cannes pendouillent hors de son tiroir» (p. 43).
Dans d’autres, il s’agit de boîtes de conserve (de l’anglais can). Voilà pourquoi il y a des bines en canne dans Tiroir no 24 de Michael Delisle (2010, p. 67, p. 72, p. 83, p. 86). Dans le même ordre d’idées, qui met en conserve fruits et légumes prépare des cannages.
Il y a enfin les rires préenregistrés, à la télévision, les rires en canne(s).
Voyez le poète Patrice Desbiens, dans désâmé (2005) :
Elle ouvre une boîte de
rires en canne.
Il n’y en a pas assez pour
tout le monde (p. 8).
Ou Simon Brousseau, dans une nouvelle de sa série «E-confessions» (les Fins Heureuses, 2018) :
Ils sont devenus durs et froids, ces dernières années, les yeux des gens heureux. En bruit de fond, sous les éclats de rire, on peut entendre leurs appétits, leurs envies, qui se moquent de ce qu’ils sont devenus. Ce sont des rires en cannes, des rires desséchés qui appartiennent à l’époque où on vivait encore avec abandon (p. 131).
Ce son n’est guère agréable : ça sonne la kécanne.
[Complément du 2 août 2024]
Qui, au ballon-chasseur, vise les membres inférieurs de l’adversaire serait, foi de François Blais, un «canneux». C’est répréhensible : «l’honneur [interdit] de viser les jambes» (la Classe madame Valérie).
Références
Blais, François, la Classe de madame Valérie. Roman, Québec, L’instant même, 2013, 400 p. Édition numérique.
Brousseau, Simon, les Fins heureuses. Nouvelles, Montréal, Le Cheval d’août, 2018, 196 p.
Delisle, Michael, Tiroir no 24, Montréal, Boréal, 2010, 126 p.
Desbiens, Patrice, désâmé. Poésie, Sudbury, Prise de parole, 2005, 60 p.
Lalonde, Catherine, la Dévoration des fées, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 112, 2017, 136 p.
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