Jeudi soir dernier, dans un centre commercial de l’île de Montréal :
Pourquoi ce passage du tu au vous dans la publicité ?
Si l’on était dans un roman épistolaire classique, on y verrait un effet d’insistance amoureuse, comme dans l’incipit de la lettre CXLVIII des Liaisons dangereuses de Laclos, quand le chevalier Danceny écrit à la marquise de Merteuil : «Ô vous, que j’aime ! ô toi, que j’adore ! ô vous, qui avez commencé mon bonheur ! ô toi, qui l’as comblé» (éd. de 1964, p. 333).
Dans une chanson, ce pourrait être un exercice de style, comme dans «Rendez-vous courtois» de Jérémie Kisling, sur l’album le Ours en 2006. Tous les vers y mêlent tutoiement et vouvoiement. Cela donne lieu à des phrases déjantées : «Allez viens vous asseoir, il faut pas que vous te barre / Sous mon toit, vous serez à ton aise / Donne-moi votre main, couchez-moi contre ton sein / Je t’avoue que je vous aime bien.»
Les intentions des propriétaires de la boutique de jeux électroniques EBGames sont un peu moins claires.
(L’absence de s à «usagé» fait désordre.)
Référence
Laclos, Pierre Choderlos de, les Liaisons dangereuses, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «G-F», 13, 1964, 379 p. Chronologie et préface par René Pomeau. Édition originale : 1782.
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Je propose l’explication suivante:
Il y a deux destinataires:
-le premier au tu, serait le jeune (range ta chambre)
– le second au vous, serait le parent du dit jeune (échangez ses jeux – de force pour vous acheter autre chose)
Mais en fait, on pourrait dire aussi qu’il s’agit de deux versions dialogiques du même destinataire, le jeune. Au « tu » il entend ses parents, au « vous », il se venge d’eux en exerçant sans leur aide son pouvoir d’achat.
Ou bien j’ai besoin d’une pause et d’un café…
SM